Alors que les témoignages de patients atteints de Covid long se font de plus en plus nombreux deux ans après le début de la pandémie, les malades ont peu de solutions proposées par le système médical. Victimes d’une variété de symptômes, démunis devant l’absence de traitement et souvent confrontés à une mauvaise compréhension de leur état de la part des professionnels de santé, plusieurs se tournent vers les médecines douces pour soulager leurs maux. Mais que valent ces propositions alternatives?
Les symptômes les plus courants selon les données de l’enquête du KCE (Centre Féféral d’expertise des soins de santé-Belgique) :
• Symptômes respiratoires (sentiment d'essoufflement après un effort)
La dyspnée est signalée comme très fréquente dans de nombreuses études
• Symptômes cardiovasculaires
Les symptômes cardiovasculaires tels que les palpitations et la tachycardiesont surtout rapportés pendant les 3 premiers mois ;
• Symptômes neurologiques
Les troubles cognitifs (« brouillard cérébral ») sont les symptômes neurologiques les plus couramment rapportés ; les symptômes sont très variables (troubles de la mémoire, de la concentration, des fonctions exécutives). Ces symptômes sont décrits par les patients comme impactant fortement leur vie quotidienne et professionnelle.
D’autres symptômes comprennent les vertiges, les acouphènes, les troubles visuels ou la neuropathie périphérique (fourmillements, névralgies).
• Dysfonctionnements olfactifs et/ou gustatifs
Ils sont également très fréquents. Leur fréquence varie entre 11 et 58 % au cours des trois premiers mois, et ils sont encore rapportés à 6 mois.
• Symptômes psychologiques
L'anxiété et les sentiments dépressifs sont les symptômes les plus fréquemment rapportés en lien avec la santé mentale. Le syndrome de stress post-traumatique a été signalé dans deux études portant sur des patients hospitalisés, dont certains en soins intensifs.
• Symptômes gastro-intestinaux
Les problèmes gastro-intestinaux semblent moins fréquents et très variables (exemples : diarrhée, reflux acide, perte d'appétit ou nausées). Les fréquences varient entre 5 et 85 %, avec la diarrhée comme symptôme le plus répandu. La fréquence de ces symptômes diminue après 3 mois.
• Symptômes cutanés
Des lésions cutanées variées (rash cutané, pétéchies, engelures) ont été décrites à la phase aiguë du COVID-19 ainsi qu’à plus long terme. Une étude a rapporté des chutes de cheveux chez 10 % des patients durant les premiers mois, et 4 autres études rapportent des fréquences encore élevées après 6 mois (entre 9 et 33 % ; valeur médiane 19 %).
(…)Les patients regrettent un manque de coordination et d’approche multidisciplinaire, alors que la multiplicité de leurs symptômes nécessite une approche systématique axée sur l’exclusion d’autres diagnostics possibles, l’établissement d’un bilan fonctionnel holistique et des soins de revalidation interdisciplinaires et intégrés ». (1)
Voici quelques thérapies alternatives qui semblent apporter certains résultats :
L'ostéopathie permet de travailler sur la mobilité des différentes structures du cops dans le but d’améliorer leur fonction. L’ostéopathie favorisant une approche de l’individu dans sa globalité a permis aux patients atteints de Covid long de retrouver une certaine qualité de vie.
Suite à une ou plusieurs consultations en ostéopathie, des patients atteints de Covid long ont pu observer une diminution de la fatigue, du stress ainsi qu’une meilleure capacité respiratoire. Ils se sentaient aussi plus mobiles physiquement pour fonctionner au quotidien. 50% des patients ayant consulté suite à un problème d’anosmie ont dit avoir ressenti une amélioration après la 1re consultation.(2-3)
L’aromathérapie est actuellement une piste de rééducation pour le soulagement des patients privés d’odorat.
L’équipe de M. Frasnelli mène des recherches au Département d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières afin de rééduquer le nez à récupérer son odorat par le humage quotidien d’odeurs fortes (huiles essentielles de rose, eucalyptus entre autres) en suivant des protocoles précis. Selon le chercheur et neuropsychologue même si le processus biologique qui explique cette guérison n’est pas encore tout à fait compris par les spécialistes du domaine, cet entraînement olfactif peut améliorer l’odorat. (4)
Le massage peut aider les clients à rétablir l'équilibre entre leurs systèmes sympathique et parasympathique. Les techniques de base qui libèrent les tensions musculaires, favorisent la circulation, apaisent le système nerveux, signalent un retour ‘à la sécurité’ et donnent au corps l'espace nécessaire pour induire ses réponses parasympathiques. Des techniques avancées telles que les relâchements directs du psoas et du diaphragme, les relâchements des muscles respiratoires auxiliaires et la respiration consciente peuvent optimiser les actions d’un massage.
Il semble qu’il faille commencer par des séances de massage complet pour la réduction du stress et la relaxation des clients. La plupart des clients semblent avoir besoin d'une ou deux séances de massage de tout le corps pour les aider à sortir du mode ‘crise’ avant de pouvoir gérer un travail thérapeutique plus ciblé. (5)
En naturopathie le travail se fait en accompagnant le client dans son hygiène de vie. Le naturopathe va prendre le temps de voir avec la personne ses routines de vies (nutrition, exercices, travail, loisirs, médication). Puis, il va travailler à renforcer le système immunitaire en fonction des besoins, dans le but ultime de redonner à l’organisme une capacité à retrouver son équilibre.
Le naturopathe va privilégier une alimentation forte en éléments nutritifs et dynamisants, l'utilisation des plantes pour relancer l’organisme et apaiser l’anxiété. Aussi le travail du souffle à travers des exercices de respiration comme le breathwork et/ou encore par des préceptes de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), sont des avenues qui montrent un réel potentiels. En effet, la stratégie utilisée en médecine traditionnelle chinoise (MTC) pour accompagner les clients avec le Covid long suit un protocole millénaire qui semble avoir un impact sur le mieux-être des personnes atteintes. Il s'agit d'inhiber le virus, mais aussi de bloquer l'infection, de réguler la réponse immunitaire, de couper la tempête inflammatoire et de stimuler les processus d’auto- guérison du corps par le rééquilibre des systèmes d’émonction : estomac, rein, rate, foie et vésicule biliaire.
Les thérapies alternatives*, si elles ne sont pas toutes efficaces pour soulager les inconforts du Covid long, ont certains bienfaits qui conjugués à la médecine allopathique pavent la voie vers de nouveaux horizons pour une meilleure compréhension des enjeux de guérison de cette condition.
*À noter, dans tous les cas, les patients atteints de Covid long doivent consulter leur médecin avant d’intégrer des soins complémentaires à leur protocole de traitement.
Références :
1. https://kce.paddlecms.net/sites/default/files/2021-11/KCE344BCovidlongSynthese_0.pdf
2. Possible Osteopathic Care for long covid, Céline Van Ballart, About Osteopathy 2021-2 p 20-21
3. Covid-19 anosmie : nieuwe inzichten en een osteopathische aanpak, About Osteopathy 2021-4 p 27
4. Un traitement efficace contre la perte d’odorat liée à la COVID-19 se pointe le bout du nez, Le Devoir
5. A new type of massage client: Covid-19 ‘long-haul’ survivors, David Weintraub, Massage Magazine
6. Covid long : les médecines douces peuvent-elles aider à soulager les symptômes ?, Claire Pian, Marie Claire magazine